L’addiction alimentaire

Il est possible d’être addict à la nourriture comme on est dépendant à l’alcool, au tabac, aux drogues et aux jeux. L’addiction alimentaire est une maladie qui se passe dans le cerveau, c’est à dire que ce n’est pas l’estomac qui « réclame » à manger, mais l’esprit.

Qu’est ce qu’une addiction à la nourriture ?

Par définition, l’addiction est « un processus par lequel un comportement humain permet d’accéder au plaisir immédiat tout en réduisant une sensation de malaise interne. Il s’accompagne d’une impossibilité à contrôler ce comportement en dépit de la connaissance de ses conséquences négatives. »

Comme dans toutes les addictions, dans la dépendance alimentaire, on retrouve cette perte de contrôle révélée par des compulsions, c’est à dire ce besoin irrépressible de manger. Le cerveau est comme envahit pas cette idée, cela devient obsessionnel. La personne sait qu’il ne faut pas le faire, elle en connait les conséquences négatives sur le corps, la santé physique et psychique, mais elle ne parvient pas à y mettre un terme. On retrouve bien ici le comportement typique de l’addiction.

Comment savoir si on est addict à la nourriture ?

L’addiction à l’alimentation est une addiction comportementale, c’est une envie répétée et irrésistible de consommer avec une impossibilité de contrôler son comportement, afin de se procurer du plaisir ou de soulager un malaise intérieur comme la solitude, la frustration, le stress, une grande tristesse, un deuil. On parlera d’addiction alimentaire lorsqu’il existe cette notion de souffrance intérieure. La personne va consommer de la nourriture afin de compenser un mal-être intérieur. Il existe un manque, un vide émotionnel, affectif ou un stress que la personne vient combler en mangeant pour se procurer un soulagement interne. Au début cela rassure mais ce comportement devient rapidement indispensable.

Quel est le circuit de la dépendance alimentaire?

Le circuit de la dépendance alimentaire est basé sur le même schéma neurobiologique que dans tout type d’addiction : on parle « d’un processus du circuit de la récompense rapide ».

Chez la personne souffrant d’une addiction alimentaire, il n’y a plus de signal de satiété (on ressent de la satiété quand on n’a plus faim) et le système émotionnel est altéré. Ingurgiter de la nourriture libère de la dopamine dans le cerveau ou « hormone dite du bonheur », ainsi, la personne se sent apaisée et détendue. La dépendance est créée lorsqu’il y a répétition de ce comportement avec une perte de contrôle de cette consommation. Dans ce processus, quand la personne mange, elle compense en réalité un manque, un besoin qui n’est pas satisfait. La nourriture devient un moyen dérivé de répondre aux besoins de la personne et de régler ses soucis (problèmes de vie actuels , antérieurs ou passés). Au lieu de régler ses difficultés de façon directe en s’attaquant aux problèmes, la personne apaise psychiquement et physiquement ses émotions négatives par la prise d’une substance, ici la nourriture. Il est essentiel que la personne comprenne ce qu’elle vient combler par ce comportement répété car l’alimentation donne une réponse artificielle aux réelles besoins. Elle donne une réponse temporaire, c’est-à-dire un soulagement et un apaisement rapide et sur du court terme. En quelque sorte, elle « dope » le cerveau et c’est pour cela que l’on parle d’une addiction comportementale.

Les « 5C de l’addiction alimentaire »

Si vous répondez « oui » à au moins 3C et si vous souffrez de ce comportement, il est nécessaire de consulter un spécialiste afin de savoir ce qui vous pose problème d’un point de vue psychologique , d’explorer vos sentiments, vos pensées, vos comportements et de trouver des solutions adaptées.

Voici les 5 C de l’addiction à la nourriture :

  1. Consommation : Envie irrépressible et inarrêtable de consommer.
  2. Compulsion : Ce n’est pas vous qui décidez, vous avez l’impression que « c’est plus fort que vous ». On est dans l’ordre de la pulsion, c’est à dire que l’acte n’est pas réfléchi.
  3. Continu : C’est un comportement qui se répète, il est fréquent et il dure dans le temps.
  4. Conséquence : Sur la santé physiques d’une part, la prise de poids, de développer des risques d’obésité; et d’autre part sur la santé mentale, de par un isolement, une inhibition, une culpabilité, une honte, une anxiété et parfois une dépression.
  5. Contrôle : Il y a une absence totale de contrôle sur la prise de nourriture.

Quelles sont les causes de l’addiction alimentaire ?

Il existe 3 facteurs de cause :

  1. Les facteurs individuels : les éléments génétiques, neurobiologiques, psychologiques, les événements de vie, l’hérédité, les événements traumatiques du passé.
  2. Les facteurs environnementaux : une grande exposition à des situations perçues comme stressantes, le climat familial, l’éducation, l’influence des pairs, une séparation, le divorce des parents, une difficulté à trouver sa place, une pression culturelle (culte de la minceur, l’image idéalisée véhiculée par les médias), un manque de confiance en soi.
  3. Les facteurs liés à la substance elle-même : certains aliments industriels riches en sucre, en graisse et en sel peuvent induire une dépendance. Le sucre, par exemple, déclenche un afflux de dopamine dans le cerveau procurant immédiatement une sensation de bien-être artificiel. Le sucre est une solution qui soulage rapidement d’un stress, d’une anxiété, d’une colère, d’une peur pouvant être liée à des problèmes de vie.

Quelque soit la cause de ce comportement, la prise de nourriture modifie le système de récompense du cerveau. Au lieu d’aller résoudre le problème à la source, la nourriture va devenir une solution d’apaisement temporaire de la souffrance ressentie. Elle donne le sentiment d’aller mieux, néanmoins, rapidement, il y a une insatisfaction, voire une culpabilité qui va se créer et les difficultés seront toujours présentes. La personne rentre alors dans une spirale négative dans laquelle les émotions négatives reviennent à nouveau. En cela, la recherche de solution rapide va se mettre en place avec une consommation de la nourriture de façon compulsive qui reviendra comme une drogue afin de remplir son réservoir affectif .

Quel traitement ?

L’addiction alimentaire est un trouble délicat car dans le cas de la nourriture, on ne peut pas la supprimer car elle participe à la survie. Néanmoins, comme toutes les addictions, l’addiction alimentaire peut être soignée. Toutefois, même si la volonté est là, il peut être difficile de lutter contre ses compulsions alimentaires. Il est indispensable d’accepter une prise en charge pluridisciplinaire avec un accompagnement psychologique, un suivi médical et nutritionnel afin d’adopter un mode de vie plus équilibré et modifier la perception de la nourriture vers une alimentation plus saine.

Pour soigner ce trouble alimentaire, un protocole spécifique tenant compte des aspects psychologiques de la personne est proposé :

  • Il est impératif de poser un diagnostique : Cela permet à la personne de prendre conscience de son trouble et de développer la volonté de se sortir de la spirale infernale de la dépendance.
  • La personne devra comprendre le schéma de la récompense rapide et mettre en lumière le fait que ce comportement ne résout en rien les vrais problèmes de vie sous-jacents.
  • Le thérapeute proposera un accompagnement psychologique afin que la personne extériorise son mal-être actuel, ses souffrances, ses sentiments pour qu’elle comprenne ce qui cause son stress, sa colère, son irritabilité, son immense tristesse interne, ses blessures/traumas du passé, ses manques affectifs, etc.
  • Soigner les symptômes et les conséquences de l’addiction alimentaire, les problèmes d’insomnies parfois liés, les changements émotionnels, les vomissements déclenchés, la prise de diurétiques ou de laxatifs, pratiquer un sport à outrance, les pensées obsessionnelles et les problèmes de poids s’il y en a.

L’objectif du suivi sera de comprendre l’origine des difficultés, de les extérioriser, de mettre en œuvre des actions sur soi-même et son environnement, de développer des nouvelles ressources plus saines, d’obtenir et se donner les moyens d’accéder à un apaisement interne.

Se faire accompagner peut venir restaurer la confiance en soi et l’estime de soi, venir faire la paix avec les blessures du passé et se construire un avenir libéré de cette addiction.

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