Mesures de confinement, quels impacts sur l’adolescence ?

Beaucoup d’adolescents sont angoissés et ressentent un profond malaise devant cette crise sanitaire et les mesures de confinement et ne savent pas vraiment quoi en faire. Le (re)confinement pèse sur le moral des jeunes. Comment vivent-ils ce bouleversement ? Quelles sont les conséquences de ce deuxième confinement pour leurs relations sociales et sur leur équilibre psychique ?

Le mal-être chez les jeunes en temps de COVID

Pour certains, cette crise sanitaire, avec le nombre de cas de covid qui augmente, les informations envahissantes provenant des réseaux sociaux et des chaines d’informations en continu, peut être très anxiogène. De plus, les mots utilisés « guerre sanitaire, barrière protectrice, mesures restrictives » , l’évocation d’informations contradictoires, le manque de projection, l’insuffisance de réponses, l’incertitude quant à l’avenir, peuvent générer de l’angoisse.

On observe, particulièrement lors de ce deuxième confinement, une véritable recrudescence d’un mal-être chez les adolescents avec des idées négatives, des manifestations des troubles de l’anxiété sous forme de somatisations avec des douleurs dans le corps « le corps parle ». En effet, on remarque une augmentation des consultations psychologiques, à la fois au sein des urgences pédiatriques (-16 ans) et en psychiatrie ( 16-18 ans).

Nous avons des jeunes qui se sentent seuls, perdus, dans l’incertitude, frustrés par la diminution des activités sociales, extra-scolaires, culturelles et une perte des repères temporels. Les jeunes ont du mal à se projeter dans l’avenir du fait du contexte difficile (précarité sociale du fait du confinement, impossibilité d’avoir des projets, de se regrouper entre amis et avec la famille élargie). Tout cela « pèse » sur le psychique. Le reconfinement actuel est un événement qui se répète, c’est un élément stressant qui n’a pour le moment, pas de fin et dont on ne voit pas le bout du tunnel.

Le confinement, l’agressivité et l’anxiété chez les adolescents

Certains ados parviennent à discuter de la situation sanitaire, du confinement, des mesures restrictives et de ce qu’ils ressentent. L’agressivité et l’anxiété sont alors assez bien canalisées. Mais chez certains ados, la parole n’est pas très présente, les parents n’arrivent pas à « accéder aux émotions » de leurs adolescents, qui ont tendance à se replier sur eux-mêmes ou à s’isoler. Le lien est difficilement maintenu et l’ado peut ressentir le parent comme intrusif, trop proche, trop directif et il ne le supporte pas. La proximité du confinement peut être mal supportée et mal gérée par l’ado : tout partager avec les parents et la fratrie ( le temps, les journées, les repas, les activités, les loisirs), devient compliqué. Les activités extra-scolaires et les sorties du weekend avec les amis constituent habituellement une bulle d’air permettant aux jeunes de mieux réguler leurs émotions, d’évacuer leurs tensions vers l’extérieur, d’échanger et de créer de nouvelles relations sociales, nécessaires à leur équilibre. L’ouverture vers le monde extérieur est importante pour les adolescents afin de canaliser leur agressivité, mais aussi leurs angoisses et leur mal-être. Pour certains, le confinement peut être véritablement vécu comme un moment extrêmement angoissant.

L’anxiété et le confinement :

Il est essentiel pour un jeune de verbaliser ses ressentis, de nommer les émotions qu’il vit, qui parfois le submergent ( tristesse, frustration, colère, irritabilité, …). Ces émotions négatives vécues par le jeune relèvent à la fois du processus de l’adolescence lui-même mais aussi, aujourd’hui, à l’isolement ressenti dus aux confinements imposés dans le contexte de la crise du COVID-19.

Les sujets qui inquiètent les jeunes sont souvent « la peur de la contagion, la perte d’un proche, les angoisses par rapport à l’avenir, l’incapacité à gérer la solitude, la perte de repères, du rythme, la privation social, les obligations imposées par le gouvernement, le manque d’organisation scolaire » . Cela peut créer chez l’ado de l’anxiété difficilement contrôlable et pouvant l’amener à se replier sur lui-même, éviter les contacts et avoir une augmentation des exigences vis-à-vis des parents, que ces derniers ont parfois du mal à remplir. Les exigences peuvent être l’utilisation des téléphones portables, des tablettes, par rapport à la nourriture, à des achats, etc. Tous ces moyens peuvent être utilisés pour essayer de se rassurer.

L’agressivité et le confinement :

Les jeunes n’ont actuellement pas accès aux dérivatifs habituels qui leur permettent de canaliser leur agressivité, leur anxiété ou leur irritabilité. Ils peuvent se sentir seuls devant l’organisation de leur journée ou face à leurs devoirs, exacerbant leurs réactions agressives, leur provocation ou encore leur violence. A la maison, les conflits dans la fratrie peuvent être exacerbés. Les parents doivent alors trouver des activités personnalisées, leur donner du temps privilégié, essayer de partager avec chacun une activité qui les intéresse, tenter de trouver une accroche et de maintenir le lien avec eux.

Ainsi, ces temps de confinement et de mesures sanitaires appellent à trouver des ressources internes.

Quelles peuvent-être les ressources pour un adolescent confiné ?

Un confinement est, par définition, un isolement brutal, imposé. Certes, on ne choisit pas le confinement, mais on peut choisir comment le vivre … On peut faire une liste des choses à faire, des activités, des loisirs et des objectifs à atteindre : dessiner, faire du sport, écrire, cuisiner, jouer d’un instrument de musique, bricoler, etc. Le but est de laisser place à sa créativité et de ressortir d’une période de confinement en se demandant ce qu’il a pu apporter comme bénéfices.

Quelques idées :

  • Etablir un planning pour rythmer les journées ( objectif : ne pas perdre la notion du temps ou passer trop de temps devant les écrans). Avoir des repères permet de structurer les journées.
  • Favoriser l’autonomie en parvenant à respecter ses propres règles, que l’ado s’impose à lui-même (objectif : ne pas laisser trop de liberté, qui pourrait créer trop de vide).
  • Se responsabiliser : donner un sens au fait de rester confiné chez soi, se protéger soi-même et les autres.
  • Ecrire un journal: écrire ses idées négatives, déverser toutes les émotions pour éviter qu’elles soient enfouies dans la tête. Cela permet de mieux comprendre ses émotions et de mieux les exprimer.
  • Créer un agenda papier pour remplir les demandes de l’école, le mettre à jour pour trouver la motivation.
  • Créer, dessiner, faire du sport, cuisiner, se laisser aller à des loisirs
  • Constituer un petit groupe de travail avec des amis et garder le lien via une visio.
  • Oser parler à ses parents, poser des questions, ne pas se laisser envahir par ses questions anxiogènes, ne pas rester seul et imaginer le pire. Un parent peut aussi avoir une parole apaisante et offrir un espace affectif.
  • Etre accompagné par un professionnel de santé, un médecin ou un psychologue qui pourra écouter l’adolescent et l’aider à mieux gérer ses émotions négatives et de mieux les exprimer.

Les bénéfices du confinement :

Au niveau des bénéfices, c’est la créativité et l’inventivité qui se créent au niveau de la famille qui vont être privilégiées. Du plaisir va être retrouvé à faire des jeux de société, regarder un film, partager un moment autour d’une table. L’aspect relationnel intra-familial peut être retrouvé durant ces moments de confinement.

Aussi, les adolescents peuvent être les plus sensibles à la crise sanitaire qui touche en ce moment la planète entière. Elle vient nous rappeler que nous sommes des êtres vivants en lien permanent avec d’autres êtres vivants, en contact avec des virus potentiels, des éléments naturels et qu’il est essentiel de prendre ses responsabilités de manière collective pour consolider ensemble l’avenir. On peut affirmer le fait que les adolescents en général, sont de plus en plus sensibles au contexte écologique, politique et sanitaire dans le monde. Cette situation peut venir les interroger sur l’avenir de nos sociétés contemporaines, l’environnement, les changements climatiques et peut être, adopter leurs comportements en vue d’un futur plus optimiste.

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